Dissolution d’un CSE : procédures, obligations et alternatives

 

Le bon fonctionnement d’un Comité Social et Économique (CSE) repose sur l’implication de ses membres et la continuité de son mandat. Pourtant, certaines entreprises se retrouvent confrontées à un CSE inactif : démission collective des élus, absence de candidatures, manque de participation ou encore cessation d’activité de l’entreprise.

Dans ces situations, on parle souvent à tort de “dissolution du CSE”. En réalité, cette notion n’existe pas dans le Code du travail. Le CSE ne peut disparaître que dans des cas précis, soumis à des règles et obligations légales. Comprendre ces procédures est donc essentiel pour éviter toute erreur et garantir la conformité de l’entreprise.

Sommaire :

 
dissolution des membres du cse

Peut-on vraiment dissoudre un CSE ?

 

Le Code du travail ne prévoit pas de procédure de dissolution du CSE. Tant que l’entreprise compte au moins 11 salariés pendant 12 mois consécutifs, l’employeur est tenu de mettre en place un CSE. Ce sont donc les obligations employeur CSE qui garantissent son existence.

En revanche, certaines situations peuvent entraîner l’arrêt du fonctionnement du CSE :

  • Démission collective
  • Absence de candidats aux élections
  • Fermeture de l’entreprise.

 

Ce sont ces cas particuliers qui, en pratique, peuvent faire disparaître le CSE, même si le terme « dissolution » reste impropre juridiquement.

 

Différences entre dissolution, démission collective et fin de mandat

Ces trois notions sont souvent confondues :
  • La dissolution : terme utilisé à tort, car la loi ne prévoit pas la suppression volontaire du CSE.
  • La démission collective : tous les élus quittent leur mandat, ce qui bloque le fonctionnement du CSE.
  • La fin de mandat CSE : les mandats arrivent à échéance. Des élections doivent être organisées pour renouveler le CSE.
 

Cas particuliers : carence électorale ou arrêt d’activité

Dans certains cas, le CSE peut cesser d’exister. C’est le cas lorsqu’aucun salarié ne se porte candidat lors des élections professionnelles : on parle alors de carence électorale. Le CSE n’est pas mis en place, mais l’employeur reste tenu de relancer un processus électoral dans les délais légaux.
 
Autre situation : l’arrêt d’activité de l’entreprise, notamment en cas de fermeture ou de liquidation. Le CSE disparaît alors naturellement, en même temps que l’entité juridique qui l’abrite.

 

Dissolution du CSE

Qui peut demander la dissolution du CSE ?

 

Les possibilités pour les élus

Les membres du CSE n’ont pas le pouvoir de dissoudre officiellement le comité. Cependant, ils peuvent choisir de démissionner, individuellement ou collectivement. Si tous les élus titulaires démissionnent en même temps, le CSE ne peut plus assurer ses missions :

  • Plus de réunions
  • Plus de décisions collectives
  • Plus de représentant légal du personnel.
 

Cela crée une vacance de représentation.

Cette situation n’est pas sans conséquence. En l’absence de représentants, les salariés perdent un relais essentiel pour faire valoir leurs droits. De plus, certaines consultations obligatoires du CSE ne peuvent plus être menées, ce qui peut bloquer certaines décisions de l’employeur. C’est pourquoi une démission collective doit être mûrement réfléchie.

 

Le rôle limité de l’employeur

L’employeur, de son côté, ne peut ni forcer la dissolution du CSE, ni refuser de l’installer. Il a l’obligation légale de mettre en place l’instance dès lors que les seuils d’effectifs sont atteints. Même si le comité est inactif, ou si les relations sociales sont tendues, il ne peut pas y mettre fin.
 
En cas de vacance des sièges (démission collective ou absence de candidats), c’est à lui de relancer la procédure électorale dans les délais. Un employeur qui ne respecte pas cette obligation s’expose à des sanctions. Le non-respect du droit à la représentation du personnel peut être assimilé à un délit d’entrave.
 

La procédure en cas de démission collective

Lorsque tous les élus titulaires démissionnent, l’employeur doit organiser de nouvelles élections partielles dans un délai de six mois, si la durée restante des mandats dépasse six mois.
 
Cette procédure suit les mêmes règles que des élections CSE classiques : information des salariés, appel à candidatures, mise en place du protocole d’accord préélectoral, et vote.
 
En attendant, le comité cesse de fonctionner, ce qui peut générer un vide préjudiciable dans l’entreprise. Certaines décisions soumises à consultation du CSE peuvent être retardées ou contestées. Il est donc important d’anticiper cette situation et, si possible, de favoriser un dialogue avant toute démission collective.
 

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Conséquences juridiques et pratiques d’une dissolution

 

Même si le terme « dissolution du CSE » n’a aucune valeur juridique, l’arrêt du fonctionnement du comité a des conséquences bien réelles pour l’entreprise. Sans CSE, les salariés ne bénéficient plus de représentation du personnel, et l’employeur perd un interlocuteur essentiel pour le dialogue social, la santé et la sécurité au travail. Une telle situation peut rapidement fragiliser le climat social et exposer l’entreprise à des risques juridiques.

 

Suppression de la représentation du personnel

Quand un CSE ne fonctionne plus (à cause d’une démission collective ou d’une carence électorale), il n’y a plus de représentants pour défendre les intérêts des salariés. Cela veut dire qu’aucun avis ne peut être donné sur les projets de l’entreprise, qu’aucune alerte ne peut être lancée en cas de problème, et qu’il n’y a plus de relais entre les salariés et la direction. Pour les élus, cela peut aussi vouloir dire la perte de la protection liée au mandat. Une fois la démission acceptée ou le mandat terminé, les protections contre le licenciement cessent.

 

Obligation d’organiser de nouvelles élections

L’arrêt du CSE n’est jamais définitif. L’employeur a l’obligation de relancer des élections dans les délais fixés par le Code du travail. S’il ne le fait pas, il peut être accusé de délit d’entrave, une infraction sanctionnée par la loi. Le non-respect de cette obligation peut aussi bloquer certains projets de l’entreprise, car certaines décisions ne peuvent pas être prises sans l’avis du CSE.
 
 

Quelles alternatives face à un CSE inactif ou bloqué ?

 

Un CSE peut parfois ne plus fonctionner correctement. Il peut y avoir un manque d’implication des élus, des conflits internes ou un désintérêt général. Avant d’en arriver à une démission collective ou une carence, il est possible de chercher des solutions pour relancer l’instance.

 

Identifier les causes du dysfonctionnement

Avant toute décision, il est important de comprendre ce qui bloque le bon fonctionnement du CSE. Cela peut venir d’un manque de formation des élus, d’un climat social tendu, d’un manque de communication avec la direction ou d’un manque de temps pour exercer les missions.

Identifier ces causes permet de mettre en place des actions concrètes pour redonner un rôle actif au comité.
 

Relancer le CSE par la formation ou la médiation

Une des solutions les plus efficaces est de proposer une formation aux élus. Elle permet de mieux comprendre les rôles, les droits et les outils à leur disposition. Cela peut aussi redonner du sens à leur mandat. La médiation, en cas de conflit interne ou avec l’employeur, peut aussi aider à débloquer une situation.
 
Formoz, notre organisme de formation propose des formations conçues pour renforcer les compétences des élus et relancer le fonctionnement du comité. Cela peut être une vraie solution pour rétablir un dialogue social sain et constructif.
 

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Responsabilités et risques juridiques en cas d’arrêt du CSE

 

Quand un CSE cesse de fonctionner, l’employeur reste responsable de garantir la représentation du personnel. S’il ne respecte pas cette obligation, il s’expose à des risques juridiques.

Le Code du travail impose en effet la mise en place d’un CSE dans les entreprises de 11 salariés et plus. En cas de carence électorale ou de démission collective, l’employeur doit organiser de nouvelles élections dans les délais. Ne rien faire constitue un manquement à ses obligations légales.

Ce type de manquement peut être considéré comme un délit d’entrave. Cela signifie que l’employeur empêche volontairement la mise en place ou le bon fonctionnement de l’instance représentative du personnel. Ce délit est passible de sanctions pénales (jusqu’à 7 500 € d’amende pour une personne physique) et peut aussi entraîner des dommages et intérêts pour les salariés concernés.

 

Intervention de l’inspection du travail

L’inspection du travail peut intervenir si un CSE n’est pas mis en place ou s’il ne fonctionne plus sans justification valable. Elle peut être alertée par un salarié, un ancien élu ou une organisation syndicale. Après vérification, elle peut rappeler à l’employeur ses obligations et, en cas de refus ou d’inaction, dresser un procès-verbal transmis au procureur de la République.
 
Son rôle est de veiller au respect du droit du travail et à la protection des droits collectifs des salariés. Un employeur qui ignore ses obligations en matière de représentation du personnel s’expose donc à des contrôles et à des suites juridiques.
 
 

Se former et être accompagné pour une meilleure gestion du CSE

 

Assurer le bon fonctionnement du CSE demande des connaissances solides et des outils adaptés. La formation et l’accompagnement sont deux leviers essentiels pour aider les élus à remplir efficacement leur mission.

La formation CSE est un levier essentiel pour permettre aux élus de mieux maîtriser leurs droits, leurs obligations et le cadre légal de leur mandat. Elle devient obligatoire dans certains cas, notamment pour les membres titulaires avec la formation économique, ou pour tous les élus concernés par la formation en santé, sécurité et conditions de travail (SSCT). Ces apprentissages offrent aux représentants du personnel les compétences nécessaires pour exercer leur rôle avec assurance, efficacité et légitimité.

 

Soutien juridique spécialisé

En complément de la formation, un accompagnement juridique permet aux élus de sécuriser leurs actions, notamment dans les situations complexes : arrêt du CSE, démission collective, carence électorale ou conflits avec l’employeur. Il s’agit d’un appui précieux pour éviter les erreurs, comprendre les obligations légales et agir dans le respect du Code du travail.

Pour vous aider, Formoz propose un service d’assistance juridique dédié aux élus du CSE, avec des conseils personnalisés, un accompagnement sur mesure et un suivi tout au long du mandat.

FAQ - Concernant la dissolution du CSE

Comment se séparer d’un membre du CSE ?

Un élu peut choisir de démissionner individuellement de son mandat. Il doit envoyer une lettre de démission à l’employeur. En revanche, il n’existe pas de procédure pour « exclure » un membre du CSE contre sa volonté. Seule une démission volontaire ou la fin de mandat met fin à ses fonctions.

Quelle est la différence entre démission collective et dissolution du CSE ?

La dissolution n’existe pas légalement pour le CSE. La démission collective, en revanche, survient quand tous les élus titulaires quittent leur mandat. Le comité devient alors inactif, mais l’employeur doit organiser de nouvelles élections.

Qui peut demander la dissolution d’un CSE ?

Ni l’employeur ni les élus ne peuvent demander la dissolution d’un CSE, car ce n’est pas prévu par la loi. Seules certaines situations – comme une démission collective ou une carence électorale – peuvent entraîner son interruption.

Que se passe-t-il si tous les élus du CSE démissionnent ?

Le CSE ne peut plus fonctionner. L’employeur doit alors organiser des élections partielles dans un délai de six mois, si la durée des mandats restants est supérieure à six mois. En attendant, les salariés ne sont plus représentés.

Comment relancer un CSE inactif ?

Il est possible d’identifier les causes du blocage (conflits, manque de formation, désintérêt) et de proposer des solutions comme la formation des élus ou une médiation. Ces démarches permettent souvent de redonner un rôle actif au comité.